samedi 3 septembre 2016

Double personnalité et indépendance

Dans les rassemblements du Parti québécois, les militants imaginent, parlent et veulent agir pour l'indépendance. Dans les caucus de l'aile parlementaire et sur la place publique (dans les media) les députés se comportent comme une opposition loyale de sa majesté, un gouvernement provincial en attente. C'est un phénomène de double personnalité du Parti québécois.

Elle s'est manifestée encore une fois cette semaine à la sortie du caucus des députés du Parti québécois. La députée Martine Ouellet déclarait que "les députés du Parti québécois tassent de façon inquiétante la question de l'indépendance dans leurs travaux". Le chef intérimaire répondait que le but du caucus était de préparer la prochaine session à Québec. Donc, si on le comprend bien, ce sont deux choses distinctes. L'indépendance n'a rien à voir avec l'action parlementaire des députés. Il faut dire que Québec solidaire souffre aussi du même mal de double personnalité.

Réagissant à cette déclaration de Martine Ouellet à l'émission "les ex" de radio-canada,  l'ex député Yves-François Blanchet témoignait de son malaise, expliquant la situation qu'il a vécu comme député du PQ, partagé entre son désir d'indépendance et la réalité de la gouvernance provinciale. Double personnalité. Il a fallu que ce soit les ex des deux autres partis qui lui explique que c'était justement le but de la campagne à la direction du PQ de Martine Ouellet: mettre fin à cette situation  en assumant l'indépendance et en orientant l'action parlementaire en fonction de l'article 1 du programme du Parti.

Le débat sur l'immigration, lancé cette semaine par François Legault  fournissait pourtant une belle occasion de réconcilier les deux personnalités du Parti québécois. Le débat, dans ce carré de sable délimité par la CAQ, a porté strictement sur les nombres, plus ou moins d'immigrants ou plus ou moins de ressources d'intégration. Tout ce que le PQ a trouvé comme position : plus de ressources d'intégration mais le même nombre d'immigrants que les libéraux, car depuis la Charte, il ne faut pas donner prise aux accusations de xénophobie n'est-ce pas? C'était pourtant l'occasion de définir une position indépendantiste sur la question de l'immigration. Tant que le Québec est une province, les immigrants sont déchirés entre deux modes d'intégration, au Canada en anglais ou au Québec français. De plus, l'anglais dans les PME vient compliquer l'accès à l'emploi pour les immigrants. À partir de là, il faut une politique d'immigration avant l'indépendance tenant compte de cette situation, et une autre  dans un Québec indépendant où le problème d'intégration prendra une allure complètement différente. Ce serait l'occasion d'une critique du régime actuel, tout en imaginant le pays que nous voulons construire.

Continuer à dissocier l'indépendance de questions importantes comme celle là explique le surplace de l'appui à l'indépendance. Il est temps d'y mettre fin.

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