Appel aux députés démissionnaires
En tant qu’ancien candidat du Bloc à l’élection de 2015, je suis à la fois fier de mon parti et inquiet pour son avenir suite à vos démissions. Je suis fier de ce que le parti a accompli depuis la défaite de 2011 pour redevenir un instrument politique présent et efficace au service du Québec. Je suis fier des prises de position des députés et de la cheffe du parti sur la place publique. En même temps, je suis inquiet des divergences qui jettent de l’ombre sur les positions du parti. Je vous supplie de résoudre démocratiquement vos divergences au sein des instances du parti plutôt que sur la place publique. On dit que certains députés veulent défendre les intérêts du Québec à Ottawa et que la cheffe veut d’abord et avant tout travailler à promouvoir l’indépendance. Est-ce vraiment nécessaire de dire qu’il faut faire les deux ?
Nous sommes en train de gaspiller une
conjoncture extrêmement favorable suite à la dégringolade du NPD et le peu d’attrait
du parti conservateur au Québec. Pour gagner au Québec, pour faire avancer l’idée
d’indépendance, les indépendantistes ont besoin d’un Bloc québécois uni.
La cheffe, les
députés et le parti
Nous avons besoin d’une cheffe de la trempe
de Martine Ouellet comme porte parole du Bloc Québécois. Comme le soulignait Michel David il y a
quelques temps, Martine Ouellet « redonnera au Bloc une visibilité
médiatique qu’il n’a pas eue depuis l’époque de Gilles Duceppe ». Cela
était visible hier lors de la critique du budget Morneau. Personne en effet
dans la classe politique ne remet en doute l’impulsion que la députée de Vachon
a commencé à donner à un parti déjà doté d’une solide équipe de 10 députés et
d’un membership de 20 000 membres qui dépasse au Québec ceux du NPD et du Parti
conservateur réunis.
Nous avons tout aussi besoin des sept
députés qui font un travail extraordinaire à Ottawa et sur le terrain à Québec.
J’en suis témoin dans ma région. Mon député est Gabriel Ste-Marie et j’ai
souligné à plusieurs reprises son magnifique travail, notamment sur la question
des paradis fiscaux, où il faut d’ailleurs être un pays pour agir. J’ai aussi travaillé
de près avec Monique Pauzé lors des États généraux sur la souveraineté, qui
fait un solide travail sur la lutte pour l’environnement et le climat. Puis-je
vous supplier de reconsidérer votre décision ou au moins d’en discuter avec moi
à titre de président des Oui Québec dans votre région. Ces démissions vont
démobiliser les indépendantistes dans la région et au Québec à un moment
critique où il faut que le Bloc récupère tous les moyens d’un parti reconnu à
Ottawa pour soutenir son action.
Les objectifs et l’action
du Parti
Vous devez pourtant être convaincus comme
moi qu’il n’y a pas d’opposition entre la défense des intérêts du Québec à
Ottawa et la promotion d’un programme indépendantiste. Au contraire. Un projet
de pays du Québec, est nécessaire à la promotion de l’indépendance par le parti
et fournit également un cadre nécessaire pour la critique du régime et la
défense des intérêts du Québec à Ottawa.
Prenons l’exemple de la récente mesure
d’équité salariale du budget Morneau. Le rôle du Bloc est bien sûr d’en faire
la critique tout en soulignant que, si le Québec était un pays, la « nouvelle »
mesure fédérale serait en application depuis longtemps. Tous les employés de la
fonction publique et du secteur privé fédéral, soit quelques 300 000 salariés
au Québec, auraient bénéficié de la politique d’équité salariale du Québec qui a
fait en sorte que dans la fonction publique québécoise le salaire des femmes atteint
98% de celui des hommes.
Sur tous les plans, territoire, langue
et culture, environnement, économie, justice sociale, démocratie, relations
internationales, des orientations indépendantistes claires fournissent un cadre
à l’action politique de notre parti à Ottawa jusqu’à ce que le Québec devienne
un pays. Le lien doit être fait constamment entre ce cadre indépendantiste et
la défense des intérêts du Québec. L’absence de ce lien dans le discours
indépendantiste s’est fait rare depuis trop longtemps, faisant le jeu de nos
adversaires fédéralistes.
Est-ce « changement » d’orientation
dont parle Martine Ouellet qui est mal accepté ou mal compris ? Il s’agit
pourtant d’un changement que souhaite la grande majorité des militantes et des
militants du Bloc. Après deux ans, êtes vous déjà habitués au rôle plus traditionnel
d’opposition à Ottawa. Bon gouvernement à Québec, bonne opposition à Ottawa.
Contrairement à 2011, le Bloc doit pouvoir
faire le plein des votes indépendantistes du Québec. Cette victoire possible en
2019 doit en effet être la préoccupation principale de tous les
indépendantistes et, plus largement, de tous ceux qui ont à cœur les intérêts
du Québec et son avenir politique.